Chères amies, chers amis,
Comme disait Clarinette hier, un frisson parcourt la neige fraîche caressée par le vent, il fait écho au sable du désert quand celui-ci nous rejoint.
C’est dans ces conditions que notre fils Michaël, 38 ans, n’est jamais revenu de sa randonnée en raquettes, près du lac noir au-dessus de Chandolin (Val d’Anniviers, Valais).
Cela est arrivé il y a quelques jours déjà, mais les besoins de l’enquête avec la police de Sierre, les recherches avec les guides et l’hélicoptère, la grande tempête qui s’est abattue sur cette région dès le lendemain de sa course en solitaire font que nous avons gardé le silence, cessé maintenant les recherches.
Nous n’avons pas encore retrouvé son corps, désormais dans un grand linceul blanc et sans trace, mais son âme a rejoint notre Dieu si ardemment désiré, elle veille sur nous, elle fait éclore des pensées libérées des enclos de la vanité. Il nous faudra attendre de retrouver les traces du sable sur la neige pour reprendre les recherches, dans un mariage tellement irrationnel, mais simplement beau, tout comme se sont développées les recherches passionnées de Michaël dès son retour d’Algérie (sa participation au livre sur les moines de Thibirine). Il vivait de plus en plus comme un moine. Pace e bene.
L’oratorio Du coucher au lever à créer cet automne prend d’un coup une résonance très pratique, qui nous met en face de nous-mêmes sans fioriture. Si vous pouviez voir la région où son corps repose sous des mètres de neige, vous seriez comme nous saisis d’une joie simple et paisible, loin des bruits du monde, proche des anges.
Claire, Nicolas, Olivia et Dominique, Benjamin et Gersende, leurs enfants se joignent à moi pour un salut fraternel.
Jean-Marie Curti
Je tiens à remercier ici les jeunes policiers valaisans, tous plus aimables et efficaces les uns que les autres, qui ont permis de reconstituer la dernière marche de Michaël et de mener les recherches : Steeve Bagnoud, Ludovic Favre, Benoît Darioli, Jean-Luc Beney, l’équipe de l’hélicoptère.