Le 16 mars 2023, le chef d'orchestre des Musiciens d'Europe Jean-Marie Curti présente des instruments médiévaux aux élèves de l'école de Thannenkirch.
La découverte se fait en deux temps : une première session a lieu avec Claudine et les plus petits, entre 3 et 7 ans.
Jean-Marie Curti vient pour intéresser les enfants aux instruments anciens, refaits à l’identique par des artisans. Ce sont des instruments uniques.
Dans un premier temps il se présente comme venant de Genève : –Vous savez où cela se trouve ? Loin, loin, loin ?, pose des questions de localisation : où ils habitent ; s’ils connaissent Strasbourg, Mulhouse, Bergheim ; s’ils connaissent le nom de la montagne tout près ? – Le Taennchel.
Jean-Marie explique ce qu’est un compositeur : c’est celui qui écrit de la musique pour ceux qui chantent ou qui jouent d’un instrument.
Il continue en leur montrant le Grand Tambour, explique aux tous petits un peu de géographie pour situer d’où viennent ces instruments. Et à quelle occasion on les fait résonner. On parle de la porte de Bergheim et des remparts qui l’entouraient dans les temps anciens et des gens qui jouaient de ces tambours plus ou moins fort.
Le Grand Tambour est formé d’un cercle en bois recouvert d’une peau sur le dessus et des cordes en dessous qui permettent de tendre plus ou moins cette peau et obtenir un son plus ou moins dur. On en joue avec un maillet à embout feutre alors on imite le bruit de l’orage qui vient de loin et se rapproche de plus en plus prêt donc plus fort.
Puis vient le Psaltérion. Pour la prononciation, c’est un peu difficile pour les enfants qui ne connaissent pas ce nom : – Psa... Psaltérion.
Instrument qui vient de Grèce, il est formé d’une caisse de résonnance d’une certaine hauteur sur laquelle sont tendues des cordes en métal. Jean-Marie leur joue un air avec une grande plume ! Une plume d’aigle qui vient de sa forêt, qu’il a taillée pour jouer. Il explique la force des tons selon l’endroit où il touche les cordes.
Vient ensuite le Tambourin à cordes en boyaux.
– Qu’est-ce que c’est que les boyaux ? – De la peau de vaches. – Y en a-t-il à Thannenkirch ? Réponse évasive des enfants. Il explique que cet instrument qu’on met sur l’épaule et que l’on frappe avec une baguette en bois servait à scander les marches. On utilise cela pour donner le rythme. On se sert des différentes cordes pour la mélopée. Les notes des cinq cordes sont différentes. – Au fait quel est le nom des notes ? – Do ré mi fa sol la si do. La gamme donne la hauteur des sons.
Pour l'Organetto on demande aux enfants s’ils ont déjà vu quelque chose de ressemblant.
Ils ne vont pas dans l’église. Mais en regardant bien les enfants voient les notes de différentes couleurs comme le piano sauf que les notes plus courtes ne sont pas noires. Alors Jean-Marie explique que le soufflet envoie de l’air dans une boite qui se trouve sous les tuyaux et que selon les notes qu’il appuie cela donne un son.
Autre instrument : la Harpe. Les enfants connaissent et citent des bandes dessinées où un instrument similaire existe.
Celle-ci est petite et peut se porter tout en marchant. Une petite mélodie accompagne la présentation.
Puis vient tout un ensemble de cloches accrochées sur un axe en hauteur. Il y en a un bon nombre ! de la plus petite à la plus grande, des sons élevés aux sons graves, c’est le Carillon.
Les enfants sont très à l’écoute et suite aux questions énumèrent les coups à répétition de la cloche de leur église. Explication : la cloche est en métal. On fait couler du métal chaud dans un moule et selon la largeur du cercle, l’épaisseur du pourtour ou la finesse des bords, le son sera plus ou moins haut. On frappe la cloche avec un maillet et selon le bois du maillet le son est plus ou moins fort.
Jean-Marie a cherché ces cloches dans des quincailleries et en a essayé plus de 300 avant de confectionner la gamme qui lui convenait. Ce sont toutes des cloches de vaches sauf 2 : une de chèvre (n°1 sur la photo) et une autre toute spéciale (n°2 sur la photo) qu’il avait sur sa table de nuit étant enfant afin de faire du bruit s’il avait des visites de trolls et bonnes ou mauvaises fées pendant la nuit.
Le dernier instrument est un instrument caché. Les enfants cherchent des yeux quel serait le dernier instrument caché sans le trouver... C’est la voix qui sort du gosier.
Grâce à la vibration des cordes vocales : – Combien en a-t-on ? Le corps humain a 2 oreilles, 2 narines, 2 pieds, 2 bras, 2 poumons et 2 cordes vocales. Quand on chante on fait sortir l’air par la bouche ce qui fait vibrer les cordes vocales.
On peut aussi chanter bouche fermée. Autre possibilité pour le chant : on prononce avec les 2 lèvres les paroles. Si je ne prononce pas, on ne comprend pas ce que je dis : "articuler". La voix change quand on grandit ; les garçons par exemple prennent une voix plus grave.
Dans la mélodie Frère jacques les paroles servent à fixer la mélodie. Chanter est plus facile que de jouer un instrument.
– Dans tout cela quel est le rôle du chef d’orchestre ? Il fait en sorte que tout le monde chante ensemble et suive la mélodie. Il bat la mesure et Jean-Marie joint le geste à la parole.
Dernières minutes avec ce premier groupe : on chante Cadet Roussel a trois maisons Do ré mi fa, fa fa, la fa... etc. Jean-Marie montre la partition du compositeur qui a mis en musique le Taennchel avec toutes les notes. Il fait une revue rapide des instruments présentés et après cela les enfants applaudissent. Plus ou moins fort sur la paume de la main ou dans le creux. Il indique aux enfants qu’au Japon le public applaudit sur la paume quasiment sans bruit.
par Béatrice Schirlé