Les Musiciens d'Europe souhaitent honorer une violoniste et Konzertmeister de l'orchestre pendant plusieurs années, Jacqueline Billy Herody.
Elle était entrée en 1967 à l’Orchestre de Paris lors de sa création et faisait partie des premières femmes de l’orchestre. Après une carrière faste l’amenant à se produire dans toutes les plus grandes salles du monde sous la baguette des plus grands chefs d’orchestre et avec les meilleurs interprètes de la deuxième partie du XXème siècle, elle avait rejoint Les Musiciens d’Europe en qualité de violon solo de l’orchestre entre 2011 et 2015.
Elle était une musicienne pédagogue engagée, solaire, bienveillante et toujours très curieuse de tout. Pour elle, la musique devait être habitée, vécue et on se devait de la jouer avec son âme. Elle était aussi une camarade extraordinaire. Elle fédérait autour d’elle, créant du lien entre les personnes pour promouvoir le vivre ensemble. C’est ainsi qu’elle était resté très proche d’un grand nombre de musiciens et demeurait une amie fidèle des MDE. Elle continuait à jouer de la musique (au piano ces dernières années), à se produire sur scène et avait conservé cette joie de vivre qui la caractérisait : elle semblait éternelle.
Au travers des messages ci-dessous, nous souhaitons lui témoigner notre gratitude et nous associer à la peine de sa famille et de ses proches.
Comment te dire adieu ma Jackie ? Probablement en chanson, comme tu as du le faire en arrivant devant St Pierre. J'imagine que tu es montée sur son bureau et que tu lui as chanté La vie en rose... J'ai eu la chance de te rencontrer à ton dernier concert en orchestre et pour moi c'était le premier aux Musiciens d'Europe. De ce passage de relais est née une belle amitié. J'ai mille souvenirs qui me viennent en tête quand je pense à ces dix ans: sur scène ensemble, à Samoëns dans le jardin Alpin, à Bordeaux, à Montpellier et surtout à Paris où nous avions nos habitudes place Colette ou dans les restaurants japonais de la rue Sainte Anne. Nos discussions étaient passionnantes, fournies et jamais nous n'avions vraiment le temps de les terminer tellement elles étaient denses. Je ne peux oublier les fêtes bien entendu: ta dernière fête d'anniversaire et surtout le dernier nouvel an passé ensemble, où à 4h du matin tu nous regardais, tous fatigués, et nous disais avec ton sourire plein de malice '' je vais peut être appeler un taxi, il commence à être tard ''. Avec toi le temps s'arrêtait. On était transportés. Ta grande curiosité de tout alimentait en toi une éternelle jeunesse: tu paraissais immortelle. Malheureusement, les bonnes choses ont une fin il parait... Mais heureusement, l'amitié est éternelle. Bon voyage ma chère Jackie. Tu vas me manquer
C'était un tel plaisir de retrouver Jackie aux Musiciens d'Europe ! La voir au pupitre était toujours une grande joie. Je me souviendrai toujours de son rayonnement, son humour et ses bonnes astuces qui fédéraient les musiciens dans un esprit joyeux et bienveillant. Quelle chance de l'avoir rencontrée et d'avoir partagé ces moments avec elle. Je pense bien à vous, sa famille, ses proches, ses amis, et m'unis à vos prières.
Sacrée Jacky ! Un modèle de résilience ! Les soucis ne t'ont pas été épargnés. Par exemple avec ton doigt bloqué à la main gauche, tu continuais à jouer, en adaptant tout ce qui était possible. Quelques petites connivences entre nous : "tu n'entendras pas cette note, Jean-Marie, ne m'en veuille pas. Mais si tu veux, je me mets au fond des pupitres." Il n'en était bien sûr pas question. Et ton soutien fidèle à la famille jusqu'à la salle Pleyel où je me rendais selon ton souhait, ton duo avec accordéon jusqu'à Samoëns, les trucs techniques que tu proposais aux violons pour améliorer la cohésion, tant d'attentions et de petits cadeaux à tant de gens. Un modèle de résilience, vous dis-je ! A sa famille, aux musiciennes et musiciens qui l'ont tant appréciée, à vous toutes et tous, les Musiciens d'Europe, ma chaleureuse pensée.